Depuis toujours existe le rêve de la fraternité. Elle est parfois richesse et questionnement. L’expérience de la fraternité est un long chemin parsemé de curieuses pierres. Rappelons nous que notre humanité est faite pour cette fraternité. Elle a été chahutée lors des révolutions de 1789 et 1848 rêvant d’une république avec une humanité réconciliée. La fraternité de 1968 viendrait d’un consensus, d’un idéal partagé. Baba cool ! Frères ennemis, frères réconciliés avec ses drames et ses conflits. Qu’est-ce qui peut nous aider à devenir sœurs et frères Du rêve !

De la Genèse, ce thème martèle les esprits : « qu’as-tu fait de ton frère ? ». Une histoire qui raconte davantage des expériences d’échec de fraternité que d’authentiques réussites. Entre Caïn et Abel l’entente est loin d’être merveil leuse. Est-ce un accident, une méprise ? La jalousie est bien et belle là. Une jalousie morbide qui l’a empêché de reconnaître dans Abel un frère.

Aujourd’hui nous dirions facilement : « cen’est pas mon problème ». Et encore Léa et Rachel se alousent. Fraternités déchirées et brisées !

En fait, la solution est simple : supprimons la différence. Nous arrivons à l’histoire de la Tour de Babel. Bâtir une fraternité idéale sans différence. Un même langage, une tour qui nous sécurise et nous aide à rester bien ensemble au chaud en nous protégeant des autres…. Rêve fusionnel ! Ne devons-nous accueillir la différence voulue par le Père ? la fraternité butte oujours sur cette différence. L’authentique fraternité ne vient pas du rêve ni de l’utopie, elle naît au cœur des tensions et des différences. Nous sommes à la fois semblables et différentes.

Il nous reste à méditer le réel de Nazareth : lieu de filiation et de vie fraternelle. C’est le lieu où Jésus a grandi en sainteté et en humanité. C’est là où il a appris cette vie fraternelle au quotidien. Nous sommes invitées à vivre entre nous cette filiation dans notre Nazareth personnel et communautaire. Sous son regard, apprenons à devenir pleinement frères et sœurs là où nous sommes dans nos lieux de vie. Devenir une fraternité évangélique : il n’y a pas de fraternité évangélique si le petit n’a pas sa place.

La fraternité est peut-être un chemin de vérité et de transparence de nos relations communautaires et extra-communautaires ?

Rêve ou réalisme?

 

Sœur Martine