« Heureux ? vous les pauvres, heureux, vous qui avez faim, heureux, vous qui pleurez, heureux, êtes vous quand les hommes vous haïssent, vous excluent, vous insultent et rejettent votre nom comme méprisable, à cause du Fils de l’Homme. »
Luc 6, 17 ss

Dans quelques jours, nous voterons ! Mais qu’est-ce qu’un programme électoral dans le contexte actuel ? Pandémie, guerre, conflits de toutes sortes… Et vous voteriez pour une personne qui ne vous promet que des misères dans ce monde, si vous vous ralliez à elle ? Il faudrait être fou !

Pourtant la promesse relatée en Luc promet autre chose : A vous le Royaume du Père, à vous d’être rassasiés, à vous les rires, à vous la grande récompense dans le ciel !

Oui, c’est bien beau, mais il faut attendre ! parce que la récompense se désire, elle s’attend avec impatience peut-être, mais elle s’attend. Le Père ne fonctionne pas comme nous. L’immédiateté n’est pas ce qu’il aime. D’ailleurs, Il ne connaît pas les réseaux sociaux… Non pas qu’il veuille nous faire languir, non pas par perversité, car le Père est bon.

Le Père nous éduque peu à peu. Il nous fait découvrir un chemin de silence, de douceur, de persévérance dans l’adversité de nous-même déjà. Tenir, avec la force que donne l’Esprit Saint ! Tenir dans le désir du Royaume et sans cesse raboter nos aspérités !

Nous délester de nos fausses richesses pour retrouver un cœur libre et pauvre qui ne compte que sur le Père. Avoir faim du Christ et le retrouver dans l’Eucharistie ! (lorsque c’est possible, nous faisons disette parfois !). Pleurer, oui mais pas sur nous, car il y a toujours plus malheureuses que nous. Accueillir d’être incomprises, moquées, raillées ! Oui nous marchons à contre-courant de la tendance sociétale, de la facilité ; mais nous avons un guide, une boussole dont l’aiguille qui montre la route est une croix.

« Le disciple n’est pas au-dessus du Maître ». Un Père de l’Eglise dit : « Toi qui te presse vers la Patrie du ciel…. avec la protection du Père, tu parviendras. »

Alors en ce début de printemps, heureuses sommes-nous de relancer notre marche, ensemble, pour parvenir là où est notre vraie place, dans le Royaume préparé pour nous de toute éternité par le Dieu d’amour, notre Père !

Marcher ensemble : c’est ce que nous demande le pape François avec l’expérience de la synodalité.
Faire synode ensemble, retrousser nos manches pour tracer un chemin ensemble !

Relire ensemble nos histoires petites ou grandes ! Une expérience relue et mise en mots qui amène à changer notre manière de voir et de penser.

En nous permettant de nous arrêter, de réfléchir, de débattre, elle peut nous aider à approfondir notre charisme fondateur et particulier à chacune, à passer d’un enthousiasme parfois éphémère à la résolution enracinée de transmettre une « forme de vie » adaptée à notre réalité d’aujourd’hui.

Tant de personnes autour de nous sont assoiffées d’une autre rive, d’une autre manière d’être en relation, d’une autre manière de faire église. Une crise unique qui nous traverse et nous appelle à un nouveau mode de relation, à une nouvelle culture de la rencontre. Au cœur de l’incertitude, nous avons la chance de croiser encore des témoins, des éclaireurs qui nous réveillent et nous disent qu’autre chose est possible. Cela demande courage, audace, détermination et abandon à nos repères, à nos habitudes usées, dépassées…

Ne perdons pas les occasions de grâce de la rencontre, de l’écoute réciproque, du discernement. Avec la joie de savoir qu’alors que nous cherchons le Seigneur, c’est bien lui, le premier, qui se porte avec amour à notre rencontre.
Pape François

Soeur Martine