Pour mieux saisir ce que peut être, pour aujourd’hui, une guérison « selon l’Evangile » et comment aider à  cette guérison, il faut partir des faits, des témoignages et chercher à  les comprendre en s’appuyant sur l’histoire, la médecine, la Bible, le magistère.

D’abord, on constate qu’en dépit du recours aux médecines parallèles nombreuses sur le marché pour suppléer à  la médecine officielle dont les moyens augmentent pourtant, il y a toujours de la souffrance qui persiste.

La prière est un des recours face à  cette souffrance. Que penser de ces nombreux témoignages de guérisons ou de non-guérisons ? Nous avons à  dépasser cette croyance ancrée qui consiste à  croire que ce qui se lit dans la Bible est ce qui doit se passer si nous croyons. Pour cela, il faut se poser la question de la finalité de l’être humain. Quelle est ma fonction en tant qu’être humain? Je vis pour réaliser ce pourquoi je suis fait. Si je n’y parviens pas, j’ai donc besoin d’être guéri. La guérison me fera alors retrouver mon état antérieur. 

Les miracles de guérison de Jésus s’expliquent ainsi. Le salut général n’existe pas, il existe pour moi de façon particulière. Dans la Bible, la finalité de l’homme est de refléter la Gloire de Dieu et de chanter sa louange (Cf. Apocalypse). L’homme pécheur ne peut pas louer Dieu. Jésus va le guérir en levant ce qui fait obstacle à  cette relation. Il n’est pas un thaumaturge au sens o๠le soulagement physique n’est pas la finalité de son action. Ses guérisons sont à  lire comme le signe universel du salut pour tous: par lui, nous pouvons être guéris de tout ce qui empêche la relation aux frères et à  Dieu. Il y a dans le Christ, dans son attitude, ses paroles, une force qui redonne une force aux gens, la capacité de se lever et d’aller vers l’autre. Jésus ne guérit que les maladies de relation. C’est pourquoi le miracle n’a de sens que comme signe de l’amour de Dieu.

Pour l’Eglise, les souffrants ont une mission, elle considère le malade comme sujet actif et responsable de l’œuvre et de l’évangélisation du salut. Sur un plan pastoral, nous avons à  nous demander ce que nous allons faire AVEC et non pour les souffrants, afin qu’ils puissent louer Dieu et chanter sa Gloire. Quand ils parviennent à  donner du sens à  la maladie c’est-à -dire quand celle-ci leur permet de comprendre ce que l’autre vit, nous croyons que le miracle est arrivé. C’est ainsi que nous pouvons aider à  la guérison selon l’Evangile.

Sr Aurélie Allouchery