Dieu est amour. Il désire aussi notre amour. Une manière de se donner à Dieu par amour est de vivre comme Jésus c’est-à-dire pauvre, chaste et obéissant. Celui qui vit ainsi a la tête, le cœur et les mains libres pour Dieu et les hommes.

Il y a des hommes et des femmes qui se laissent totalement conquérir par Jésus, si bien qu’ils abandonnent tout pour Dieu à cause du Royaume des Cieux (Mt19,12) même des dons aussi beaux que leurs avoirs, leur autonomie, l’amour conjugal. Cette vie selon les conseils évangéliques dans la pauvreté, la chasteté et l’obéissance montre à tous les chrétiens que le monde n’est pas tout. Ce n‘est que le « face-à-face » avec l’époux divin qui rendra l’homme définitivement heureux.

Témoignage d’Aurélie

Une femme… « amoureuse » du Christ!

La vie religieuse, il y a quelques années, il ne fallait pas m’en parler! Refus complet d‘une vie jugée démodée! Mais Dieu, « dans le bruit d’un léger souffle » m’a libérée de mes préjugés … et j‘ai succombé! 

Une vie engagée en Eglise pour mieux aimer et servir le Christ

C’est de mes parents que j’ai reçu ce sens de l’engagement et du service, que ce soit dans un cadre professionnel, associatif ou ecclésial. Ces valeurs m’ont aidée à grandir et à affirmer concrètement ma foi en Celui qui a fini par me séduire et à qui j’ai choisi de me donner. Je suis devenue une « amoureuse » du Christ appelée à aimer tout Homme en venant en aide à l’Humanité souffrante. C’est la mission des Soeurs de Notre Dame de Bon Secours de Troyes, cette famille où j’ai choisi d’engager ma vie pour le Christ par le vœu de chasteté, pauvreté et obéissance.

Ces trois vœux sont des conseils évangéliques ! Et donc, tout baptisé est invité à les suivre à travers sa vocation. Par notre vœu de chasteté, nous nous engageons à vivre selon Dieu notre faculté d’aimer, à garder la continence parfaite dans le célibat pour le Royaume de Dieu au sein d’une communauté fraternelle. La chasteté est une libération spirituelle qui nous ouvre à une charité universelle et qui nous rend attentives à ceux qui sont moins aimés. 

Par notre vœu  de pauvreté, nous voulons attendre de Dieu, à travers la communauté, ce dont nous avons besoin. Nous mettons ainsi en commun nos biens et nos talents. L’esprit de pauvreté réside dans profond détachement vis-à-vis de ceux-ci et dans un style de vie simple et modeste.

Le vœu d’obéissance nous invite à entrer dans le mystère de l’obéissance du Christ. Obéissance vient du latin obedire qui signifie se mettre à l’écoute. Nous voulons nous mettre à son écoute  pour que son Esprit nous fasse discerner et accepter, dans l’amour, la volonté de Dieu. L’obéissance n’est pas passivité mais initiative, parfois audacieuse, qui cherche humblement à se conformer au dessein de Dieu.

Ces vœux, je les vis dans ma mission.

Aide-soignante à domicile, je suis envoyée auprès de patients, des membres souffrants du Christ. Il s’est fait homme pour porter nos souffrances et nous soulager par la foi en sa Résurrection.

De même en pastorale des jeunes, c’est la foi en cette parole « J’étais malade et vous m’avez visité…ce que vous avez fait au plus petit d’entre les miens, c’est à moi que vous l’avez fait » qui oriente mon regard et guide mon cheminement avec eux.

Insérée dans un quartier populaire depuis juin 2008, la communauté où j’ai été envoyée est interpellée quotidiennement par la population avec laquelle nous avons choisi de vivre, là où d’autres n’ont pas choisi d’habiter. En effet, alors que du bâtiment 1, beaucoup de locataires cherchaient à déménager, une communauté de religieuses y étaient envoyée…incongru! « Ce quartier n’est vraiment pas fait pour des sœurs! » avons-nous entendu. Cependant personne ne nous a dissuadées de venir ; bien au contraire nous nous sommes senties accueillies!

Appeler chacun « ami »

Ce désir très fort de rejoindre ces populations, d’origine étrangère pour la plupart (près de 40 nationalités différentes) nous porte à avoir un regard émerveillé, admiratif sur ces personnes qui ont tout quitté pour vivre plus dignement. Cette proximité creuse en nous cette attitude du Christ qui appelle chacun « ami ». Nous cherchons à être bienveillantes avec les jeunes que nous rencontrons en bas de chez nous. Un sourire, un regard, quelque fois une parole pour leur dire: « Tu as du prix à nos yeux, aux yeux de Dieu. » Face à cette humanité souffrante, avec Marie au pied de la Croix regardant Jésus et se laissant transformer par lui, j’entends avec elle « Voici ton fils », « voici les jeunes que je te donne à aimer, désire les visiter».

Oui, notre mission de baptisés est passionnante et la vie religieuse enthousiasmante!

La vie religieuse apostolique n’est pas très bien connue dans les familles. Heureuse d’avoir dit « oui »,  je mesure l’importance de communiquer sur cette vocation, d’être auprès des jeunes (et des moins jeunes) pour essayer de lever ces préjugés. Je crois que chaque chrétien est responsable des vocations dans sa propre famille et par là de l’avenir de l’Eglise. Chaque baptisé  a un choix vocationnel à faire, il devrait prendre le temps de se poser pour réfléchir à ce qui est le meilleur pour lui car c’est la volonté de Dieu d’offrir le meilleur à ses enfants. Bien sûr, ce choix suppose des renoncements mais les mères de famille ne diront pas le contraire. La vie est généreuse mais elle ne peut pas tout offrir, seulement le meilleur ! 

A l’appel du Christ, nous sommes missionnaires de l’Espérance, envoyés pour écouter le monde, ses cris de joie et de colère, pour apaiser cette soif d’amour de tout Homme. Ne manquons pas nos rencontres, en chacune, il y a un visage du Christ à aimer!

Sr Aurélie Allouchery